Pour mesurer l’ampleur de la déception des propriétaires de parcelles à Bamako, il suffit de faire attention aux messages véhiculés dans les groupes whatsapp. Certains ont perdu l’envie d’être malien à cause de la succession de déboires dans l’achat des terrains d’habitation. C’est surtout nos compatriotes vivant à la diaspora qui sont victimes, à plusieurs reprises, de spéculation.
Une malienne de France racontait dans un groupe whatsapp à quel point elle aurait aimé ne plus avoir à faire au Mali. Selon elle, on ne peut plus faire confiance même à l’Etat dans les affaires foncières.
Les deux terrains qu’elle avait achetés dont l’un a été acquis auprès des services des Domaines ont été compromis. Le logement social qu’elle s’était résolu à acheter en dernier recours s’est transformé en passoire avec la saison des pluies. Le toit de la maison ne retient pas l’eau, chose qu’elle a découverte à son arrivée au pays. La pauvre a mis en garde tous ses compatriotes contre l’insécurité des titres fonciers. Le gouvernement tente lentement de réagir à ces genres de situation. Les gens font la queue devant les services domaniaux afin de mettre en règle leurs terrains à usage d’habitation.
L’importance de la mobilisation souligne la gravité de la question foncière au Mali. Reste à savoir si les mesures en cours pour mettre fin à la spéculation foncière porteront les fruits de la promesse. Les autorités qui sont en train de gérer des cas compliqués de litiges fonciers doivent parvenir à réduire les opportunités de détournement et de fraude sur les titres de parcelles. Dans ce contexte, d’importants projets de logements sont en difficulté à cause des spéculateurs.
Pour mettre hors d’état de nuire les hors-la-loi, le ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population a mis en place l’opération d’immatriculation systématique des parcelles de terrain, à partir du mois d’octobre 2024. L’Ordonnance n°2020-014/PT-RM du 24 décembre 2020, modifiée, portant loi domaniale et foncière prévoit un délai de dix ans pour la transformation des titres provisoires en titres fonciers.
Pour ce faire, le ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat, des Domaines, de l’Aménagement du Territoire et de la Population engage une opération systématique d’immatriculation des parcelles de terrain. L’opération, qui commence par le District de Bamako et le Cercle de Kati, permettra de diminuer considérablement les litiges fonciers, de sécuriser les biens immobiliers de l’Etat et des personnes physiques et morales et d’augmenter les recettes domaniales. Un doigt accusateur est pointé sur des agents de certains services impliqués dans la gestion des terres de l’Etat et des Collectivités.
Nouhoum DICKO