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En Centrafrique, un diamant d’exception vient d’être dévoilé aux médias.

Spectaculaire, rarissime, hors-norme… Les qualificatifs manquaient pour décrire le diamant découvert à Nzako, une petite localité située dans le sud-est du pays. Cette pierre de 177 carats – la taille d’un pruneau – est présentée comme l’une des plus exceptionnelles jamais extraites dans le pays.

On ignore encore combien il vaut, le diamant est actuellement en cours d’expertise. Une chose est sûre, le pouvoir en place mise sur lui pour relancer l’économie. Pour preuve, le président Faustin-Archange Touadéra est venu, en personne, l’admirer. L’occasion de faire quelques clichés avec le joyau en main ; l’occasion, surtout, de rappeler au monde que la Centrafrique dispose, je cite, « de ressources minières exceptionnelles ».

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Fin d’un embargo de dix ans

Pour les autorités, cette pierre plus que précieuse doit envoyer un signal fort aux investisseurs à l’heure où le pays sort tout juste d’un embargo sur le commerce des diamants qui a duré plus de dix ans.

Il a été imposé au pays après le coup d’État de 2013, à Bangui. Cette sanction a été prise dans le cadre du « processus de Kimberley » : ce dispositif international – qui regroupe des États, des diamantaires et des ONG – veille à ce que le commerce de pierres précieuses ne finance pas le renversement de gouvernements légitimes. Or c’est précisément ce qui s’est passé en 2013 ; d’où cet embargo. Ce fut, à l’époque, un coup dur pour l’économie ; et pour cause, le commerce des diamants représentait jusqu’à 40% des recettes à l’exportation. L’embargo a progressivement été levé, région par région, avant de totalement disparaître il y a deux mois. Reste désormais à convaincre les principaux acteurs du secteur de réinvestir sur place.

Qui a trouvé ce diamant ? À qui appartient-il ?

Le petit joyau dont le président Touadéra fait scintiller les facettes devant la presse n’appartient donc pas à l’État. Il n’appartient pas non plus à un grand groupe privé. En Centrafrique, l’extraction de diamants est réalisée par des « mineurs artisanaux », comme on les appelle sur place. C’est donc l’un d’eux qui l’a trouvé et qui l’a revendu à un « collecteur », lequel le revendra à son tour à une société d’exportation. Sur cette succession de transactions, l’État ne perçoit qu’une somme relativement modique.

La population ne profite donc pas des retombées de ce commerce : c’est tout le paradoxe. Le pays est riche en diamants – de même qu’en or, en pétrole et en uranium – mais ses habitants figurent parmi les peuples les plus pauvres au monde. Fait notable : plusieurs voix se sont élevées, ces derniers jours, pour réclamer qu’une partie des gains réalisés par celui qui revendra à l’export ce diamant soit versée à un fond dédié au développement du pays.

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