(Agence Ecofin) – Pour empêcher l’entrée sur leurs territoires des diamants russes, placés sous embargo, les pays du G7 ont lancé depuis quelques mois un mécanisme de traçabilité. Ce mécanisme oblige les producteurs désirant vendre dans les sept pays à faire certifier l’origine de leurs diamants.
De Beers, propriétaire de plusieurs mines de diamants dans trois pays africains, fournira désormais des données sur tous ses diamants bruts mis sur le marché. L’initiative qui commencera cette année avec les diamants de plus de 1,25 carat avant de s’étendre en 2025 à ceux de plus de 1 carat permettra à la compagnie de s’aligner sur les nouvelles exigences du G7.
Groupe informel regroupant sept pays développés, dont les États-Unis, l’Allemagne et la France, le G7 a lancé depuis quelques mois un processus visant à exclure les diamants russes de ses chaines d’approvisionnement. Cela passe par un mécanisme de traçabilité de tous les diamants qui entrent sur le territoire des sept pays concernés, grâce à des preuves documentaires. La version numérique de ce système de traçabilité devrait entrer en vigueur en mars 2025 et permettra un suivi en temps réel basé sur la blockchain pour garantir l’origine des diamants.
Concrètement, De Beers s’adaptera au mécanisme du G7 en s’appuyant sur sa plateforme existante Tracr. La plateforme lancée en 2018 permettait jusque-là de garantir aux consommateurs que les diamants enregistrés proviennent du groupe De Beers, mais sans précision sur le pays d’origine. Grâce à l’introduction d’une nouvelle technologie de scannage dans les pays producteurs de diamants et à l’utilisation de l’intelligence artificielle, Tracr pourra désormais fournir le pays d’origine spécifique de chaque diamant.
« Nous savons que nos clients sont très attachés au développement durable et qu’ils veulent comprendre le bien que leurs diamants ont fait. Notre ambition est de leur offrir l’histoire de chaque diamant provenant de De Beers, en retraçant son parcours et son impact positif depuis son origine jusqu’à sa fabrication », a commenté Al Cook, PDG du groupe De Beers.
Il faut souligner que la mise en place par De Beers de ce mécanisme intervient alors que les producteurs africains s’inquiètent de l’impact du mécanisme proposé par le G7 sur leur industrie. Selon les plans initiaux du groupe, les diamants qui entreront dans les sept pays devront transiter par Anvers, la ville belge du diamant, afin de garantir leur origine. Pour la Namibie et le Botswana, cela risque de perturber la relation directe qui existe normalement entre les producteurs et leurs clients, entrainant notamment des coûts supplémentaires.
« Nous avons été offensés par la décision du G7 de faire transiter tous les diamants par Anvers dans le cadre de ses sanctions contre la Russie. C’est une erreur, car cela ne prend pas en compte notre point de vue et compromet notre souveraineté », a dénoncé le président botswanais Mokgweetsi Masisi.
Pour le moment, il est difficile de savoir dans quelle mesure le nouveau mécanisme annoncé par De Beers pourrait atténuer les inquiétudes des pays producteurs. Rappelons que la compagnie est active en Namibie, en Afrique du Sud et au Botswana, et produit 70 % de ses diamants au Botswana.
Emiliano Tossou