- Date de création: 12 juin 2024 05:20
(Agence Ecofin) – Actionnaire à 85 % dans De Beers, Anglo American a annoncé en mai la sortie du producteur de diamants de son portefeuille. Le gouvernement botswanais qui contrôle 15 % d’intérêts dans De Beers, veut profiter de ce changement pour augmenter sa participation dans la société.
Au Botswana, le gouvernement veut jouer un rôle central dans le choix de l’investisseur potentiel qui succèdera à Anglo American au capital du groupe De Beers. C’est du moins ce qu’a déclaré le président botswanais Mokgweetsi Masisi, lors d’un meeting politique tenu lundi à environ 300 km au nord de la capitale Gaborone.
Cette sortie intervient alors qu’Anglo American a annoncé son intention de sortir de son portefeuille le producteur de diamants originaire d’Afrique du Sud, à travers une vente ou une scission. Selon les détails rapportés par plusieurs médias internationaux, le profil souhaité par Gaborone est un investisseur « préparé à la nature cyclique de l’activité diamantaire ». Le président fait ainsi référence à la volatilité de la demande et des prix sur le marché du diamant.
En 2023 par exemple, De Beers n’a dégagé qu’un bénéfice de 72 millions de dollars contre 500 millions à 1,5 milliard de dollars habituellement. En raison de cette particularité du secteur des diamants dans l’industrie minière, il existe peu de candidats pour succéder à Anglo American chez De Beers. Depuis l’annonce de la scission, des observateurs ont évoqué comme potentiels repreneurs un consortium indien, un fonds d’investissement qatari ou du Golfe ou encore le gouvernement botswanais, qui détient déjà 15 % d’intérêts dans De Beers.
Le gouvernement botswanais a déjà annoncé son intention d’augmenter sa participation dans De Beers, sans toutefois préciser si l’objectif est de devenir l’actionnaire majoritaire de la compagnie. Selon Edahn Golan, analyste de l’industrie, un rachat du groupe De Beers par le Botswana permettrait au gouvernement d’étendre son contrôle sur les ressources minières du pays. L’opération présenterait néanmoins des inconvénients, constituant un frein dans l’atteinte de l’objectif de diversification économique affiché depuis quelques années par Gaborone.
« Le Botswana pourrait manquer de perspicacité en se lançant à corps perdu dans l’exploitation d’une ressource limitée. Il doit tirer parti de sa richesse en diamants pour investir dans son avenir à long terme. À de rares exceptions près, les gouvernements ne font pas de bons opérateurs économiques », explique-t-il.
Emiliano Tossou