(Agence Ecofin) – Les diamants représentent environ 33 % du PIB du Botswana et 75 % de ses recettes en devises. Premier producteur mondial en valeur, le pays ressent déjà l’impact de l’essor des diamants de laboratoire sur son économie, avec une baisse des revenus de son principal partenaire, la De Beers.
Premier producteur mondial de diamants naturels en valeur, le Botswana considère les diamants de laboratoire comme une menace pour son économie. C’est du moins ce qu’a déclaré mercredi le président Mokgweetsi Masisi, en prélude à sa participation au salon JCK de Las Vegas, considéré comme le plus grand événement au monde dans le domaine de la joaillerie.
Les diamants sont en effet un moteur de l’économie du Botswana, contribuant à environ 40 % des recettes publiques, un peu moins d’un tiers du PIB et 75 % des recettes en devises. Cependant, le marché des diamants naturels est actuellement en crise, avec une baisse de la demande et des prix à la faveur d’un intérêt croissant des consommateurs pour les pierres synthétiques.
Partenaire historique du Botswana et premier producteur mondial compte tenu de la valeur des diamants produits, De Beers a vu ses ventes de diamants bruts diminuer à 3,6 milliards de dollars l’an dernier, contre 6 milliards de dollars en 2022.
Les conditions macroéconomiques des deux dernières années ont en effet encouragé les acheteurs de diamants naturels à se tourner vers des alternatives moins coûteuses. En avril, près de la moitié (45 %) des bagues de fiançailles en diamant vendues par les détaillants spécialisés américains étaient serties de diamants de synthèse, selon l’analyste Edahn Golan. Ce dernier explique néanmoins que les prix de ces diamants synthétiques suivent une tendance à la baisse, ce qui pourrait les conduire à être de moins en moins attractifs à l’avenir.
Cette situation sur le marché du diamant pourrait avoir un impact sur les projets à long terme du Botswana, parmi lesquels un investissement de 6 milliards $ en partenariat avec De Beers, pour prolonger la durée de vie de Jwaneng, la plus grande mine de diamants. d’Afrique. La première phase de ce projet, dont le lancement est prévu fin juin, nécessitera 1 milliard de dollars.
Un autre défi pour le Botswana est la séparation annoncée entre De Beers et Anglo American. Si l’échec de la tentative de prise de contrôle d’Anglo American a temporairement reporté le spectre d’une séparation catastrophique, le processus de retrait du producteur de diamants de son portefeuille fait partie d’une restructuration essentielle pour Anglo American. Parmi les scénarios actuellement envisagés par les observateurs figure la possibilité pour le Botswana, actionnaire à hauteur de 15% de De Beers, d’augmenter sa participation dans la société.